Avez-vous jamais essayé de reprendre l’histoire des Vikings sous une perspective féministe ? Non ? Ce n’est guère surprenant, pour une culture aussi virile, aussi brave et aussi puissante que celle des Vikings, hommes à la barbe hirsute, au physique imposant et aux tatouages expressifs de leur bravoure et de leur masculinité.
La question de ce que les femmes Vikings faisaient pendant que les hommes combattaient leurs ennemis sur les champs de bataille, s'aventuraient sur les mers scandinaves, et s'engageaient dans la conquête de nouveaux territoires est tout à fait légitime. Qu'arrivait-il à ces femmes en ce temps-là ? La réponse, révélée par des recherches archéologiques, est étonnante.
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Qui étaient les femmes vikings ?
Aucune histoire ne se fait sans les femmes. Ne sont-elles pas en effet le véhicule qu’empruntent les hommes pour venir dans ce monde ? Ne méritent-elles pas que justice leur soit faite dans des sociétés où elles n’apparaissent souvent que sous des lumières fades ?
Il faut noter que la société Viking était une société foncièrement patriarcale. Les rôles étaient donc distribués en fonction du sexe. Dès l’enfance, les femmes apprenaient les arts ménagers, les préceptes et traditions familiaux, les lois et valeurs morales, etc. qu’elles doivent ensuite transmettre à leurs enfants. En clair, comme le dirait l’autre, le bras était l’homme de la société et la femme en était l’âme.
Toutefois, et la femme Viking n’avait certainement rien d’une Juliette à la Shakespeare. Loin de là. L’éducation des femmes était censée faire d’elles des personnes fortes, fermes, et énergiques, capables de toucher le cœur de leur époux et si besoin est, de l’inciter à venger l’honneur de leur famille. Les femmes gagnaient plus d’autorité dès que les hommes s’en allaient en guerre ou faire du commerce, car elles deviennent alors responsables de la gestion de la maison.
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Evidemment, leur statut dans la société viking dépendait de leur classe sociale d’appartenance. On distingue la femme esclave, celle de la classe moyenne et celle de la noblesse. Mais les découvertes, les textes issus du moyen-âge et les grandes sagas irlandaises nous donnent d’importantes révélations sur les femmes vikings.
Déjà, on note qu’elles avaient des traits majoritairement masculins. Au niveau du physique, elles étaient complètement différentes de la femme moderne. Mieux, les fouilles archéologiques et des analyses pointues révèlent que les femmes Vikings avaient acquis le droit de combattre auprès des hommes. Plus de détails dans la section suivante.
La combattante Viking découverte à Birka en Suède
Une étude détaillée a confirmé que les femmes vikings avaient effectivement acquis le droit de combattre aux côtés des hommes. Cette recherche a été menée en 2017 par Charlotte Hedenstierna-Jonson, chercheuse et participant au projet de recherche sur le Phénomène Viking, et par l'ostéologue suédoise Anna Kjellstrom, qui travaille actuellement au Département d'archéologie et d'études classiques de l'Université de Stockholm.
L’étude a consisté en une analyse d’ADN des os d’un squelette de guerrier Viking retrouvé dans une sépulture en Suède à Birka depuis 1878. Elle a permis d’identifier deux chromosomes X et une absence complète de chromosome Y. Pour les chercheurs, il s’agissait d’une femme de 1 mètre 70 et âgée d’une trentaine d’années.
Les cheveux, de l’épée, la hache, les boucliers, les pointes de flèches et le jeu de dés retrouvés dans la sépulture, avaient fait croire qu’il s’agissait d’un homme jusqu’à cette récente étude qui révéla qu’il s’agissait plutôt d’une femme guerrière Viking qui dirigeait des troupes au combat. L’étude a été publiée dans la revue Antiquity.
C’était la première fois qu’on prouvait l’existence de femmes guerrières Vikings. Mais le squelette de Birka n’était sans doute pas celui de la première femme guerrière. D’autres seront certainement découvertes plus tard.
Freydís Eiríksdóttir, l’enfant terrible d’Erik le Rouge
Nous sommes au 10e siècle. Freydís Eiríksdóttir, enfant d’Erik le Rouge et sœur de Leif Eriksson, participait à une exposition dirigée par Thorfinn Karlsefni au Vinland. Face à la menace des Amérindiens, la jeune guerrière alors enceinte de huit entreprit de sortir le grand jeu.
Elle déchira ses vêtements et, de son épée, frappa sa poitrine alors nue. Elle accompagna ce geste d’un cri de guerre qui effraya les natifs qui prirent la clé des champs sans plus attendre. La bataille prit fin immédiatement. Même si plus tard, elle fut condamnée à l’exil pour avoir organisé des massacres au cours d’autres expéditions, elle s’est imposée comme une guerrière Viking intrépide et s’est illustrée comme exploratrice du Vinland.
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La reine Emma
Ici, nous sommes au 11e siècle, un siècle qui révéla l’une des dernières grandes figures féminines de l’ère Viking. C’est la reine Emma. Fille du duc Richard de Normandie et d’une mère d’origine danoise, elle épousa à deux reprises des rois anglais et donna naissance à deux rois d’Angleterre. Aux côtés de son époux danois Knut le Grand, elle était la protectrice de l’Eglise.
Johanna Katrin Fridriksdottir dans son ouvrage intitulé « Les femmes Vikings, des femmes puissantes, Redécouvrir la place des femmes dans un peuple viril » propose une déconstruction de la vision patriarcale de la société viking pour mettre en évidence l’existence de guerrières pendant l’âge Viking. Elle invite le lecteur à considérer la Valkyrie, cette déesse guerrière des héros de la mythologie nordique qui décide du sort des guerriers au combat.
Elle rappelle également les aventures de la fière princesse Gudrún qui venge l’honneur des siens et qui, plutôt que de se confiner aux tâches domestiques, prend des décisions, écrit et participe parfois aux batailles. Le but de l’ouvrage est clair : redescendre dans l’imaginaire pour redonner à la femme Viking la place qu’elle mérite dans l’histoire.